Femme montrant une feuille marquant un message d’alerte sur le SOPK

Jade partage son combat contre le SOPK et l’errance médicale

Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK) est le trouble hormonal le plus fréquent chez les femmes en âge de procréer : il concernerait près d’1 femme sur 10. Fatigue chronique, cycles irréguliers ou absents, prise de poids, hirsutisme (une pousse excessive de poils sur des zones typiquement masculines comme le visage ou la poitrine), résistance à l’insuline… Les symptômes sont multiples et souvent minimisés, ce qui retarde le diagnostic et complique la prise en charge. Pourtant, détecter le SOPK tôt permet de limiter ses complications métaboliques (diabète de type 2, cholestérol), psychologiques (anxiété, dépression) et reproductives (infertilité).

 

C'est précisément ce vécu, celui de l'errance, des symptômes invalidants et de la quête de réponses, que Jade, 23 ans, partage aujourd'hui avec nous. Son témoignage sans filtre vous offrira un aperçu direct de son quotidien avec le SOPK, ses défis et ses espoirs.

Le long chemin vers le diagnostic du SOPK

1) Est-ce que tu pourrais commencer par te présenter rapidement ?

Coucou, moi c’est Jade ! Je suis plus connue sur les réseaux sous le nom de Jade SOPK ou Chabina. J’ai 23 ans et j’ai été diagnostiquée du SOPK en 2024, juste après mon mariage.

Mais en réalité, ça faisait plus de 8 ans que je vivais avec les symptômes… Malheureusement, aucun médecin – ni endocrinologue, ni gynécologue – n’a su poser de diagnostic. À chaque rendez-vous, on me disait simplement de perdre du poids, encore et encore. Pourtant, au fond, il y avait un vrai problème.

2) Est-ce que tu pourrais me raconter comment tu as découvert que tu étais atteinte du SOPK ?

Comme je le disais, le diagnostic a été très long. Et honnêtement, j’en souffre encore aujourd’hui. Je me dis souvent que si on m’avait diagnostiquée plus tôt, j’aurais pu anticiper certaines choses, mieux vivre avec le SOPK.

Les deux signes qui m’ont mis la puce à l’oreille, ce sont mes cycles irréguliers et l’hirsutisme. J’ai une pousse de poils importante sur le visage et le corps, alors que ce n’est pas censé être le cas. C’est lié à ma résistance à l’insuline (quand les cellules du corps répondent moins bien à l'insuline, ce qui peut entraîner un taux de sucre sanguin plus élevé). Le SOPK, c’est un cercle vicieux…


3) Est-ce que le SOPK a un impact sur ta vie au quotidien ?

Oui, le SOPK a un impact très négatif sur ma vie, que ce soit physiquement ou mentalement.

Physiquement, il y a la prise de poids, les poils… Et mentalement, c’est encore plus dur. L’un des symptômes du SOPK, c’est la dépression.

Quand j’ai été diagnostiquée, je commençais déjà à sombrer petit à petit, mais je me voilais la face. En janvier 2025, j’ai complètement craqué et je suis tombée dans une dépression profonde qui m’a fait beaucoup de mal.

Ça a aussi touché ma vie sociale : je n’ai plus envie de sortir, même aller voir mes amis ou assister à un repas de famille, c’est devenu compliqué.

Pour l’instant, je préfère ne pas trop m’ouvrir sur certains aspects, mais je sais qu’un jour, j’en parlerais, je pourrai aider d’autres femmes. Parce qu’on souffre beaucoup, et on est trop mal comprises.


4) Quels traitements on t’a proposés ou que tu as choisis ? Et comment tu les as vécus ?

Au début, on m’a prescrit du Duphaston, un progestatif de synthèse souvent utilisé pour réguler les cycles menstruels. Cependant, il faut savoir que ces règles induites par le Duphaston sont des "fausses règles", car elles ne proviennent pas d'une ovulation naturelle. Quand on a le SOPK, l’objectif devrait être de faire revenir les règles naturellement. J’ai donc préféré me tourner vers des tisanes, des cures naturelles, et aujourd’hui, je prends uniquement des compléments alimentaires et vitamines pour améliorer mon SOPK.

Je prends du Myo-inositol, un composé naturel de la famille des vitamines B qui aide à améliorer la sensibilité à l'insuline, un problème fréquent dans le SOPK. Je prends aussi de la vitamine D, du zinc, des oméga 3, etc. Le SOPK reste un sujet très tabou en France. On n’a pas vraiment de traitement, et honnêtement, on est livrées à nous-mêmes. On nous laisse dans la forêt, et c’est à nous de nous débrouiller. C’est triste, et le corps médical ne nous accompagne pas assez. Imaginez l’impact que ça a, mentalement…


5) Est-ce que tu as mis en place des habitudes ou des routines pour mieux vivre avec le SOPK ?

J’essaie de manger anti-inflammatoire, mais c’est compliqué. Avec la dépression, j’ai tendance à me réfugier dans le sucre, le chocolat, les chips… C’est ce qu’on appelle les TCA (troubles du comportement alimentaire).

Je tente aussi de marcher un peu, mais là encore, c’est difficile. Parfois, sortir de chez moi, c’est déjà un combat.

Mais je me dis : le plus important, c’est de continuer à me complémenter, et petit à petit, les choses vont évoluer, même si c’est dur.

6) Et si tu avais un message à faire passer à d’autres femmes qui ont le SOPK, ce serait quoi ?

Si j’avais un message à faire passer aux femmes SOPK…

Déjà, pour celles qui ne sont pas encore diagnostiquées, ne négligez pas vos symptômes. Allez consulter, réclamez un bilan hormonal complet, et n’acceptez pas qu’on vous dise juste de perdre du poids ( même si ça peut aider ) mais le plus important c’est de trouver la cause ( résistance insuline, thyroïde, tca, SOPK).

Et pour mes guerrières SOPK :

Je ne suis peut-être pas la mieux placée pour donner des conseils, mais tenez bon. Il faut continuer à se battre. Même si les médecins ne nous aident pas, on peut se renseigner, on peut apprendre.

 

Heureusement, aujourd’hui, il y a des femmes comme Raïssa SOPK, Imane Harmonie et d’autres sur TikTok qui informent et partagent des choses précieuses.

Et pour celles en désir de grossesse : je sais que c’est très dur. Mais ne lâchez pas. La récompense sera tellement belle qu’on oubliera ces douleurs.

Je vous envoie toute ma force, à vous toutes. On ne lâche rien.

On continue à se battre pour se faire entendre, même si le chemin est long.


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