Le congé menstruel, ce droit permettant de s’absenter du travail en raison de douleurs liées aux règles, commence à faire parler de lui, mais reste encore largement controversé. L’objectif est simple : améliorer le bien-être des personnes menstruées et reconnaître que certaines douleurs peuvent être réellement incapacitantes.
Le congé menstruel en France un droit qui peine à naître
- Plus d’une femme sur deux souffre de règles douloureuses.
- 40 % décrivent ces douleurs comme incapacitantes, l’endométriose touchant 1 femme sur 10.
Plusieurs propositions de loi ont été déposées en 2023 et 2024, allant de quelques jours par mois à jusqu’à 13 jours par an, avec ou sans certificat médical. Toutes ont été rejetées, souvent pour des raisons financières, de crainte de discrimination ou de désorganisation pour les entreprises.
Les entreprises françaises pionnières du congé menstruel
En France, certaines entreprises ont pris les devants pour compenser l’absence de cadre légal. La SCOP La Collective offre un jour par mois, entièrement rémunéré, sans justificatif. Louis Design propose également une journée par mois, Carrefour accorde jusqu’à 12 jours pour les employées souffrant d’endométriose, et L’Oréal trois jours par an sous certificat médical. Les retours sont positifs : amélioration du bien-être, réduction du stress et meilleure productivité. Les principaux défis restent la perception initiale de certains hommes et l’estimation des coûts, mais ils sont souvent surmontés grâce à la confiance, la confidentialité et la sensibilisation.
Le congé menstruel en Europe
En Espagne un droit légalisé depuis 2023
À l’échelle européenne, l’Espagne s’est imposée comme le pays le plus avancé en légiférant dès 2023 : trois jours de congé payé par mois, pouvant aller jusqu’à cinq si nécessaire, avec prise en charge par la Sécurité sociale dès le premier jour. Malgré cette avancée, très peu de femmes en profitent réellement, ce qui montre que la loi seule ne suffit pas à briser les tabous.
Portugal : une législation pionnière en Europe
Le Portugal a récemment franchi une étape significative en adoptant une loi en avril 2025 accordant un congé menstruel payé aux personnes souffrant de douleurs menstruelles sévères dues à l'endométriose ou à l'adénomyose. Cette loi permet aux salariées concernées de s'absenter jusqu'à trois jours consécutifs par mois, entièrement rémunérés, sur présentation d'un certificat médical. Ce congé est renouvelable chaque mois, sans nécessité de renouveler le certificat médical.
Cette législation marque une avancée notable en Europe, offrant un modèle à d'autres pays souhaitant reconnaître et soutenir la santé menstruelle au travail.
Et le reste de l’Europe
Dans le reste de l’Europe, le chemin est encore long. L’Italie, la Belgique, l’Allemagne, le Royaume-Uni et le Luxembourg n’ont pas adopté de législation nationale spécifique, et les débats restent sporadiques.
Hors Europe, le Japon et l’Asie montrent la complexité
Le regard hors Europe confirme que la législation seule ne garantit pas l’usage du droit. Au Japon, où le congé menstruel existe depuis 1947, il n’existe aucune limite au nombre de jours pouvant être pris. Cependant, ces absences ne sont pas systématiquement rémunérées : chaque entreprise décide si elles sont couvertes, totalement ou partiellement. Résultat, le taux d’utilisation qui atteignait encore 26 % en 1965, est passé seulement 0,09 %, en raison du tabou culturel, du présentéisme et de la peur de stigmatisation…
Corée du Sud : un jour par mois, souvent non pris
En Corée du Sud, les salariées bénéficient légalement d’un jour de congé menstruel par mois, instauré dès 1950 pour préserver la santé reproductive et limiter l’absentéisme lié aux règles douloureuses. Ce jour n’est pas décompté des congés payés, et aucune preuve médicale n’est exigée. Fait étonnant : si une employée choisit de ne pas en profiter, elle peut percevoir une prime en compensation. Pourtant, malgré cet avantage, ce droit reste largement sous-utilisé : en 2018, seules 19 % des Sud-Coréennes concernées déclaraient y avoir recours.
Indonésie : deux jours par mois, mais selon l’employeur
En Indonésie, la loi permet aux femmes de bénéficier de deux jours de congé menstruel par mois. Ce dispositif a été conçu pour aider celles qui souffrent de règles particulièrement douloureuses, mais son application est loin d’être uniforme.
En pratique, chaque employeur est libre de fixer les modalités de prise de ces congés. Certaines entreprises les rémunèrent intégralement, tandis que d’autres exigent un certificat médical ou refusent simplement de les accorder, arguant de contraintes organisationnelles. Cette inégalité d’accès fait que le congé menstruel reste davantage un droit théorique qu’un véritable acquis pour toutes.
Taïwan : trois jours par an à demi-salaire
À Taïwan, les salariées ont droit à trois jours de congé menstruel par an, rémunérés à 50 % du salaire. Ce quota est distinct des congés maladie classiques, ce qui permet de préserver ces derniers pour d’autres motifs de santé.
Si cette mesure constitue une reconnaissance officielle des douleurs menstruelles, la réduction de la rémunération dissuade certaines femmes d’y recourir, surtout dans les secteurs où les salaires sont bas. De plus, la nécessité de justifier l’absence auprès de l’employeur peut représenter un frein, la confidentialité autour de la santé menstruelle restant un sujet sensible.
Vietnam : trois jours rémunérés chaque mois
Depuis 2020, le Vietnam a mis en place un dispositif généreux : trois jours de congé menstruel payés par mois. La loi prévoit également une compensation financière pour les salariées qui choisissent de ne pas en bénéficier, afin d’éviter toute perte de revenus.
Cette approche, unique en Asie, vise à valoriser la liberté de choix des femmes et à reconnaître l’impact des règles sur la productivité et le bien-être. Toutefois, comme dans d’autres pays de la région, certaines salariées hésitent à utiliser ce droit par crainte de remarques ou de discriminations, en particulier dans les petites entreprises.
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