Deux filles à l'école primaire

Éducation menstruelle : pourquoi il est essentiel d’en parler dès l’école primaire

Les menstruations font partie intégrante de la vie de millions de filles à travers le monde. Pourtant, en 2025, parler des règles reste encore tabou dans de nombreuses cultures, y compris en France. Ce silence persistant a des conséquences : manque d’information, sentiment de honte, isolement… et parfois même un impact direct sur la scolarité.

Dans cet article, on explore pourquoi l’éducation menstruelle dès l’école primaire est une priorité, et comment mieux préparer les enfants à cette étape naturelle de leur développement.

Les premières règles : un événement naturel, souvent mal accompagné

En moyenne, les premières menstruations apparaissent entre 12 et 13 ans. Mais de plus en plus de jeunes filles ont leurs règles dès l’âge de 9 ou 10 ans, alors qu’elles sont encore en école primaire. À cet âge, rares sont les enfants qui ont reçu une information claire, rassurante et adaptée sur ce qu’est le cycle menstruel.

Or, vivre ses premières règles sans repères peut générer du stress, de la peur, voire de la honte. Une éducation menstruelle précoce est donc essentielle pour que les filles comprennent ce qui leur arrive, mais aussi pour déstigmatiser les règles auprès de tous les enfants, filles comme garçons.

Le manque d’information : un risque pour la santé et le bien-être

L’absence d’éducation autour des règles ne touche pas seulement les connaissances : elle affecte directement la santé physique et mentale des jeunes filles.

Sans explication, beaucoup ressentent de l’angoisse, de la gêne ou une impression d’anormalité. Certaines adoptent même de mauvaises pratiques d’hygiène menstruelle, augmentant les risques d’irritations ou d’infections.

À long terme, ce silence peut aussi impacter la perception du corps, la confiance en soi et la relation à la sexualité.

Menstruations et absentéisme scolaire : des chiffres préoccupants

Les règles sont aujourd’hui l’une des causes principales d’absentéisme scolaire chez les adolescentes. Entre douleurs, manque de protections ou infrastructures sanitaires inadaptées, nombreuses sont celles qui préfèrent rester chez elles plutôt que d’aller en cours.

D’après une étude Plan International France – OpinionWay (2022), 1 fille sur 2 en France a déjà manqué l’école à cause de ses règles. Et selon une enquête menée en 2023 par OpinionWay pour Règles Élémentaires, 53 % des filles âgées de 15 ans et plus déclarent s’être déjà absentées pour cette raison.

En plus de nuire à la progression scolaire, cet absentéisme renforce les inégalités entre filles et garçons, et peut même fragiliser leur avenir éducatif et professionnel.

Pourquoi aborder les règles dès le primaire ?

Alors que 72 % des jeunes filles ont leurs premières règles avant 13 ans, l’éducation sexuelle scolaire commence en moyenne en classe de 4ᵉ (13-14 ans). Ce décalage crée un vide éducatif : les filles vivent leur ménarche sans préparation, et sans accompagnement émotionnel.

Aborder les menstruations dès le CM1-CM2 permet de :

  • Briser le tabou des règles à l’école

  • Normaliser le discours autour du corps féminin

  • Préparer les élèves (filles et garçons) à mieux comprendre ce qu’est le cycle menstruel

  • Réduire la gêne et les moqueries


Des obstacles persistants : précarité menstruelle et tabous

Malgré l’évolution des mentalités, plusieurs freins entravent encore une bonne éducation menstruelle en milieu scolaire :

Des infrastructures inadaptées

  • 1 élève sur 3 évite les toilettes de l’école à cause du manque d’intimité, d’hygiène ou de matériel (eau, savon, poubelles).

La précarité menstruelle dès le plus jeune âge

  • Certaines écoles primaires manquent de protections hygiéniques. Ce sont parfois les enseignants qui achètent des serviettes pour leurs élèves, faute de dispositifs publics adaptés.

Manque de formation des enseignants

  • Beaucoup d’adultes ne se sentent pas à l’aise pour parler des règles. Ce manque de confort empêche l’instauration de dialogues ouverts et bienveillants.

Associations engagées pour l’éducation menstruelle en France

Heureusement, des initiatives locales s’engagent pour faire bouger les lignes.

👇 À connaître :

  • Règles Élémentaires : propose des ateliers pédagogiques en école primaire et a lancé Parlons Règles, une plateforme dédiée aux 8–14 ans.

  • CycloShow-XY : organise des ateliers pour les filles (et les garçons) afin de mieux comprendre le corps, la puberté et les émotions liées.


Parler des règles, c’est aussi parler d’égalité

Les menstruations ne doivent plus être un sujet caché, honteux ou gênant. Parler des règles dès l’école primaire, c’est permettre à chaque enfant de grandir informé.e, confiant.e et libre de vivre son corps sans tabou.

C’est aussi une étape essentielle pour lutter contre :

  • La précarité menstruelle

  • Les inégalités scolaires

  • La désinformation sur le cycle menstruel

Informer, c’est protéger. Et cela commence dès les premières années d’école.

 

Pour plus de lecture :

Journal d'Ornela : Mon sang, mon histoire – Le jour où j’ai rencontré mes règles
Quand parler des règles à son enfant ?
Qu’est-ce que le cycle menstruel ? Phases, troubles et nos conseils.